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L’Insatiable avidité avec laquelle se mène l’évangélisation du monde
nécessite un arrêt pour mieux saisir la portée. Décrétée à Vatican II en
1965, annoncée d’abord en sourdine, c’est Jean-Paul II qui déclara à
Saint-Jacques de Compostelle, en 1982, la ferme volonté de l’Eglise
d’évangéliser le monde selon le catholicisme vaticanais, c’est-à-dire
d’éradiquer toutes les autres religions. En même temps, le concile avait
décidé la formation de deux Congrégations pour mettre en pratique cette
décision : une pour l’évangélisation des peuples, l’autre pour le dialogue
interreligieux. Dans ce dialogue, sont concernées toutes les confessions
chrétiennes d’un côté, de l’autre, toutes les autres religions à commencer
par l’Islam. C’est pourquoi il est nécessaire de voir, à vol d’oiseau, la
trajectoire de l’Eglise en ce qui concerne cette évangélisation.
La confusion décourageante qui ressort de l’histoire conciliaire, dès
l’origine, démontre comment la dissension éclate entre Pierre, Paul et
Jacques, frère de Jésus ; comment Barnabé, choisit par l’Esprit saint, a été
éliminé ; comment ces réunions sont suscitées pour résoudre les conflits qui
traversent les apôtres ou la communauté, pour des raisons personnelles, pour
des crises locales ou des querelles ecclésiastiques. Des champs clos où se
disputent avec violence les thèses opposées mais prouvent, en même temps,
comment le dogme se précise et sa formulation s’affine à travers les
conciles, parmi tant de compromis, d’anachronismes et de gommages.
Si l’Eglise veut que l’évangélisation ait commencé avec l’apôtre Paul, sa
phase dévastatrice revient au Concile de Trente (1545-1563). L’Histoire
rapporte que plus de 100 millions de personnes ont été martyrisées pour
avoir professé une foi contraire à celle de l’Eglise de Rome. Cependant, de
ce concile au seizième siècle, à Vatican II au vingtième, l’Eglise vit en
autodéfense, car les grandes fraudes, les manipulations ou les
falsifications débordaient, étaient critiquées même par quelques hommes de
l’église. La contestation s’est d’abord attaquée à la structure hiérarchique
et sacramentelle, ensuite elle s’attaqua à la Révélation au nom de la
raison. En fait, la foi est mise en doute et par la Raison et par la
Science.
Comme auto défense et justification, l’Eglise annonce : on nie l’existence
même de Dieu au nom d’une conception matérialiste de l’univers, met tout
simplement la faute à l’athéisme aux XIXe et XXe siècles, grâce à Freud,
Marx ou Nietzsche, sans jamais aborder ou mentionner la vraie raison de
cette irrémédiable cassure qui éloigna les adeptes : Toutes les découvertes,
les preuves scientifiques, les contestations et les batailles du Siècle des
Lumières, jusqu’au XXIe siècle, sont mises sous le boisseau en les étouffant
par l’évangélisation, décrétée à Vatican II, comme seule solution contre
l’écroulement de l’Eglise. Autrement dit : Vatican II est l’Étouffoir que
l’Eglise a imposé aux incontournables critiques et dénonciations du Siècle
des Lumières jusqu’à nos jours.
Outre les 9 Décrets, Constitutions ou Déclarations émises, Vatican II impose
l’aggiornamento qui affirme l’unité de la Croix et la "Résurrection", [que
personne n’a vu : les femmes «…ne dirent rien à personne car elle avaient
peur » (Marc 16 :8)] ; impose l’évangélisation comme "premier devoir de tout
chrétien", en faisant des minorités chrétiennes des double-faces ou des
traitres par rapport au pays où ils se trouvent ; place Marie comme
véritable "Mère de Dieu et du Rédempteur", en contredisant les textes des
Evangiles et même la logique humaine ; installe l’Eglise entière comme
missionnaire, malgré sa contradiction avec les institutions missionnaires ou
les missions envoyés ad gentes ; et introduit le "dialogue" avec ou en même
temps que la "proclamation". Ce qui crée une autre problématique pour
l’Eglise : dialoguer au lieu de prouver les soi-disant "erreurs" des autres,
respecter au lieu de critiquer, et implique aussi que les autres religions
renferment des éléments salvifiques. Donc, pourquoi les supprimer ? !
Commence le matraquage de cerveaux avec une suite ininterrompue de
célébrations ou d’encycliques, à ne citer que : l’Année sainte de la
Rédemption en 1983, l’Année mariale 1987-1988, les fameuses journées
mondiales de la jeunesse, ou des textes tels : "Dialogue et Annonce" (1991),
Paul VI donne" Evangelii Nuntiandi" en 1975 ; Jean-Paul II "Redemptoris
Missio" en 1987, sous-titré "Validité permanente du mandat missionnaire de
l’Eglise", un thème sous-jacent y rappelle que la motivation missionnaire a
fléchi et l’activité missionnaire a diminué sans jamais mentionner la cause.
Benoît XVI essaye de donner un nouveau souffle en inaugurant le "Synode pour
la nouvelle évangélisation et la transmission de la Foi chrétienne" (7-28
octobre 2012), puis "l’Année de la Foi" (11 octobre 2012 au 24 novembre
2013) à l’occasion du 50e anniversaire de Vatican II", et a fondé "le
Conseil Pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation". Pour
François, l’évangélisation est le thème fondamental de son pontificat, quels
que soient les gestes ou les feux-d’artifices qu’il met sur scène.
Un petit recul analytique prouve que : C’est grâce à la colonisation que le
trajet missionnaire y prit une forme inextricable de la politique : L’Empire
colonial a indubitablement fourni la protection et l’appui financier aux
missionnaires. C’est pourquoi la crise des années 1960 et 1970, qui était
accompagnée de la décolonisation, permis l’accès à de nombreux territoires
de missions, particulièrement en Afrique ou en Asie, puisque missionnaires
et évangélisation représentent l’autre facette de la colonisation. La
globalisation qui s’intronise actuellement, qui fait violence à une grande
partie de la population du monde, surtout aux pauvres, qui exclut des masses
de gens et les empêche de sortir de leur misère, est bien accueilli par les
dignitaires de l’Eglise. Que ce soit Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI ou
François, actuellement, tous chantent à l’unisson du Nouvel Ordre Mondial,
incontestable bénéficiaire de l’évangélisation du monde.
Un autre recul révèle comment les différents conciles, locaux ou
internationaux, façonnèrent et donnèrent naissance aux dogmes, à ne citer à
titre d’exemples que : le culte des saints et des anges s’établit vers 375 ;
la messe en latin en 394 ; le culte de Marie se développe vers 430, l’idée
de mère de Dieu apparait en 481, et le dogme de l’immaculée conception en
1854. On découvre le purgatoire en 593 mais il est reconnu comme doctrine en
1439 ; le culte des images est imposé en 788 ; l’eau bénite en 850 ; le
célibat obligatoire des prêtres en 1074 ; l’infaillibilité de l’Eglise en
1076 et celle du pape en 1870 ; l’usage du chapelet copié aux musulmans
s’introduit en 1100 ; la vente des indulgences en 1190 et perdure jusqu’à
nos jours ; le dogme de la transformation du pain et du vin en chaire et
sang du Christ en 1215. La confession pour mieux surveiller les gens est
imposée en 1215 ; la tradition mise au niveau des Écritures en 1546, etc.
etc. Ce qui veut dire : rien ou presque rien de révélé, tout est façonné
selon les circonstances politiques et sociales.
On découvre aussi qu’au XIIIème siècle, le pape Innocent III interdit la
lecture de la Bible en langue du peuple et institue l’Inquisition, tribunal
et police religieux, pour faire appliquer et respecter les interdictions
papales. Paul IV interdit la possession de traductions bibliques sans
l’autorisation de l’Inquisition. Et au Concile de Toulouse, en 1229,
Grégoire IX interdit aux chrétiens la possession de la Bible et supprime
toutes les traductions : l’interdiction de la lecture de la Bible devient
effective. Au XVIe siècle, le Concile de Trente y inclut 11 livres
apocryphes dans la liste des livres de l’Ancien Testament qui n’était pas
inclut dans la liste des livres dits "inspirés". Cet ajout a été effectué en
contradiction avec la liste établie par les juifs, qui étaient les premiers
destinataires de l’Ancien Testament. Ils figurent encore aujourd’hui dans
les versions catholiques.
À propos de la Bible, outre les quelques milliers de contradictions, de non
concordances ou de fraudes citées dans les encyclopédies, aucun document
original n’existe plus, et les copies existantes diffèrent les unes des
autres. Comme documents anciens il n’y a plus que ce que l’Eglise veut qu’on
lise. L’évangile de Jean comprend des versets écrits pendant la première
moitié du second siècle, soit un siècle après la crucifixion de Jésus.
D’ailleurs l’Institut Westar vient de prouver, en 2013, que tous les Actes
des Apôtres sont écrits au second siècle comme preuve de véracité de tous
les changements accomplis dans les évangiles. Le manuscrit de la Bible
complète, intitulé le Sinaïticus, du IVe siècle, contient d’autres chapitres
comme les Bergers d’Hermas, l’épître de Barnabé et d’autres qui furent
supprimés plus tard. Le professeur Bart Ehrman assure : « La Bible ne
contient pas seulement des inexactitudes ou des erreurs accidentelles. Elle
renferme aussi ce que pratiquement tout le monde qualifierait aujourd’hui de
mensonge » (Forged, p. 5). La plupart des livres du Nouveau Testament sont
des contrefaçons. Ayant révélé et prouvé dans cet ouvrage d’incontestables
vérités, le professeur Bart Ehrman assure : « du premier siècle au XXème
siècle, des gens qui se qualifièrent de chrétiens jugèrent bon de fabriquer,
contrefaire, et falsifier des documents, dans la plupart des cas pour
assurer l’autorité de ce qu'ils voulaient imposer aux autres ». La confusion
procédurale des chrétiens n’a plus d’excuse aujourd'hui.
Dans "La joie de l’évangile" le pape François se place dans un esprit
missionnaire à 360° ! Il a réélaboré les propositions faites par les pères
synodaux et a planifié tout un programme consacré à la nouvelle
évangélisation. Si le mot "joie" est utilisé 27 fois dans le texte, cela
n’empêche de voir aussi les mots "honte", "peur" ou "répulsion" y figurer
timidement ! « L’Evangile doit être annoncé à tous, sans exclusive ; tous
les baptisés sont directement concernés », précise-t-il, et demande à ses
adeptes d’être toujours « dans un état permanent de missions ». Citant comme
preuve justificatrice que l’évangélisation obéit au mandat missionnaire de
Jésus : « Allez donc ! de toutes les nations faites des disciples, les
baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matt. 28 :19),
oubliant que la Trinité n’existait point du temps de Jésus ou qu’elle fut
inventée et imposée au concile de Constantinople en 381 !!
S’il répète plus d’une fois l’idée de mission, il précise nettement : «
Constituons-nous dans toutes les régions de la terre en un état permanent de
mission ». Donc, il s’avère que l’évangélisation du monde est décisive,
incontournable et non discutable. Cependant, l’annonce que doivent faire ces
pauvres missionnaires est basée sur l’idée de la Bonne Nouvelle, le Royaume
de Dieu, que Jésus n’a cessé d’annoncer ou qui représente, en fait, toute sa
mission. Là, Jésus dis clairement :
« En vérité je vous le dit, il en est d’ici présents qui ne goûteront pas la
mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu venu avec puissance » (Marc 9 : 1).
Et Paul de confirmer en disant : « Nous les vivants, nous qui sommes restés
pour l’avènement du Seigneur (…) nous les vivants, nous qui seront encore là
» (1e ép. aux Thessaloniciens 4 : 15-16)…
Et pourtant, après deux mille ans d’Histoire forgée, ce fameux Royaume de
Dieu se fait attendre, et les concitoyens de saint Paul sont bien morts et
enterrés !
Lorsqu’on voit tout ce qui a été écrit comme critiques, accusations ou
démystifications le long des siècles, depuis les primes modifications et
déviations commises dans le message du monothéisme, on saisit profondément
le sens des mots tels "honte", "peur", "crainte" ou "répulsion" qui
reviennent souvent dans les textes pontificaux à propos de l’évangélisation
du monde ou la nouvelle évangélisation.
C’est pourquoi je demande clairement : Missionnaires, qu’allez-vous dire aux
Musulmans ?!
Le 25 janvier 2014
أيها المنصّرون : ما الذى ستقولونه
للمسلمين ؟!