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		L’emploie que fait le pape François du terme "génocide", pour qualifier 
		une guerre civile entre citoyens ottomans et minorités arménienne 
		révèle, politiquement, un pape multi-faces. Le choix de susciter ces 
		incidents passés, dans le courant des évènements bouleversants que vit 
		le monde actuellement, est un pur jésuitisme, chaque pas ou chaque mot 
		qu’il prononce étant révisé, re-révisé par tout l’arsenal qui l’entoure. 
		C’est bien intentionnellement qu’il a choisi le terme pour déclencher 
		l’occasion de réaliser le rêve de son existence. 
		
		L’annonce de la messe qui devait avoir lieu le dimanche 12 avril 2015, à 
		l’invitation de l’Eglise catholique arménienne, a été annoncée par la 
		Cité du Vatican, la veille, dans les termes suivants : "Le pape François 
		célèbre dimanche matin à Rome une messe particulière à la mémoire des 
		Arméniens il y a 100 ans, où chacun attend de savoir s’il prendra le 
		risque de fâcher la Turquie en prononçant le mot "génocide" (…) mais le 
		risque est alors de mettre en péril les liens avec un allié potentiel 
		dans la lutte contre l’Islam radical". Ce qui veut dire que le choix du 
		mot n’était point spontané, mais prévu, étudié. Puisqu’il s’agissait de 
		savoir s’il aura le courage d’aborder, frontalement, une question aussi 
		délicate.
		
		Qualifiées d’inacceptables, de propos partiaux, incorrects, 
		inappropriés, manquant de base légale, de faits historiques, sans 
		fondement, loin de la réalité historique, voire hostiles, les termes du 
		pape mérite une analyse plus longue. La Turquie affirme qu’il s’agissait 
		d’une guerre civile dans laquelle 300 à 500.000 Arméniens et autant de 
		Turcs ont trouvé la mort. Tandis que l’Arménie avance le chiffre d’un 
		million et demi. Lorsque l’écart s’étend au triple, ce n’est pas à un 
		religieux de trancher l’affaire mais un comité d’honnêtes hommes, 
		impartiaux, qui doit vérifier et étudier les documents historiques des 
		deux partis. Mais comme la mode depuis le fameux 9/11 est : la chasse à 
		l’Islam, tous les liges du diable se placent sous l’égide de la baguette 
		du maestro ! 
		
		Un aperçu à vol d’oiseau révèle un va et vient très mouvementé en 
		Arménie. En 640 l’Islam s’étend magistralement jusqu’en Arménie. 
		L’Eglise commence une vraie guerre de religion en sourdine, malgré la 
		prospérité qu’a connue l’Arménie jusqu’aux temps des Mamelouks. Et 
		cependant, les arméniens ont soutenus les Croisés dans leur lutte contre 
		l’Islam. Entre 1813 et 1828 la Russie conquiert l’Arménie orientale. La 
		République d’Arménie, proclamée en 1918, est reconnue par les alliés au 
		Traité de Sèvres. En 1922, elle est intégrée à l’URSS, et en 1936 elle 
		devient une république fédérée. En 2009, l’Arménie et la Turquie 
		engagent un processus de normalisation de leurs relations malgré les 
		massacres qui touchèrent les deux parties... 
		
		Lorsqu’on envisage les paroles du pape face aux évènements de 1915-1917, 
		dans le cadre de la première guerre mondiale, ces déclarations papales 
		semblent étranges. Car l’exploitation et la manipulation de l’histoire à 
		des fins politiques sont à la base de l’idéologie vaticane. Comme en 
		Espagne, malgré tout l’apport civilisationnel des musulmans durant huit 
		siècles, la présence de l’Islam gêne l’Eglise qui fait tout pour 
		l’extirper. Mais là une question s’impose : pourquoi le pape se tait-il 
		en ce qui concerne les organisations armées arméniennes qui étaient à 
		l’intérieur de l’Etat ottoman ? Pourquoi le pape ne dénonce-t-il pas le 
		fait que ces organisations ont trahit la Turquie, s’alignèrent à la 
		Russie et massacrèrent des milliers d’ottomans ? En réalité, ce sont les 
		troupes arméniennes qui commencèrent les attaques, par trahison à l’Etat 
		Turc, et s’alignèrent à la Russie, orthodoxe. 
		
		En octobre 1914, l’empire ottoman entre dans la première guerre mondiale 
		aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. La minorité 
		arménienne, attenant à l’Eglise orthodoxe, se rallie à la Russie, 
		état-majeure de l’orthodoxie, qui fit usage de ses liges ! Le 24 avril 
		1915, ayant fait preuve d’hostilités contre le gouvernement central en 
		Turquie, ils sont arrêtés et jugés "ennemi intérieur" : quoi de plus 
		normal ? L’empire Ottoman a été démantelé en 1920, deux ans après la 
		création d’un Etat indépendant arménien en mai 1918. Un Etat constitué 
		de 3 millions de citoyens et 8 millions d’autres vivants dans la 
		diaspora par leur propre gré… 
		
		Dans cette même messe, prononcée le 12 avril, le pape considère 
		l’Arménie une nation chrétienne, qui fait suite avec les Syriens, les 
		Assyriens, les Chaldéens et les Grecs, qui connurent les premiers 
		adeptes du christianisme naissant, et qui constituent actuellement, 
		grosso modo, les minorités chrétiennes du Moyen-Orient. C’est là 
		qu’intervient le programme du pape qui va de pair avec celui des 
		Etats-Unis, visant à dépecer le Moyen-Orient pour former des mini-Etats 
		et les accorder à cette minorité chrétienne, qui manque de probité au 
		pays qui l’héberge, partout où elle se trouve. C’est là, la raison pour 
		laquelle le pape a prononcé le mot "génocide".
		
		Quant au courage d’aborder frontalement des questions délicates, un pape 
		pareil n’est point à la hauteur du siège qu’il occupe. Probité exige 
		qu’il commence par reconnaitre tous les génocides que son Eglise a 
		commis, et continue à faire depuis son expansion aux Amériques, grâce à 
		la fameuse "doctrine chrétienne de la découverte". Il suffit de lire les 
		mémoires du père Las Casas pour voir les atrocités inimaginables que ses 
		sauvages d’adeptes ont commis contre ces peuples. Pour ne rien dire des 
		génocides commis par sa Fille Aînée, la France des Lumières, que ce soit 
		en Algérie, où plus d’un million d’Algériens périrent atrocement, ou en 
		Lorraine durant la guerre de Trente ans, pour ne rien dire des massacres 
		de Napoléon en Egypte. Quant au grand génocide qui s’étend depuis une 
		soixantaine d’années en Palestine, non seulement au vu et au su du 
		monde, mais surtout grâce au soutien accordé par le Saint-Siège à ses 
		"frères" aînés. La liste est non seulement longue, mais exécrable, à 
		force de voir l’insistance et l’acharnement avec lesquels l’Eglise veut, 
		coûte que coûte, déraciner l’Islam.
		
		C’est pourquoi il est ridicule d’entendre le pape dire dans cette 
		fameuse messe : « Encore aujourd’hui, il y en a qui cherchent à éliminer 
		leur semblables, avec l’aide des uns et le silence complice des autres 
		qui restent spectateurs » ! N’est-ce pas le même rôle que vous adoptez, 
		père, face au génocide Palestinien, et face à l’extirpation de l’Islam 
		dans son ensemble ??
		
		ZEINAB ABDELAZIZ
		Jeudi, le 30 avril 2015
 
		
		البابا فرنسيس والقتل العرقى